Islande 2/6 : Les Fjords de l’Est
Après avoir passé cinq jours à explorer le sud de l’Islande, nous vous avons laissé sur les bords de la plage de diamant, au milieu des blocs de glace translucides. Notre moral ne pouvait pas être meilleur : la première semaine était spectaculaire entre les fumerolles, les glaciers, et le début des pistes F. Jökulsárlón, c’était la petite cerise sur le gâteau ! Bref, nous sommes aux anges et nous espérons que la chance va continuer à nous sourire.
Nous prenons donc la direction de l’Est, les fjords ne sont pas loin. La question est de savoir si nous retrouverons là-bas la sensation ressentie dans les Highlands du nord de l’Ecosse, à savoir les lacets, les petites « single road » et les falaises à pic…Nous n’avons pas le van, cela enlève de la difficulté, mais une petite piste F en single pass, même en 4×4, cela peut devenir très drôle !
Carnet de route :
- Jour 6 : Le glacier de Hoffellsjökull > Höfn > Djúpivogur
- Jour 7 : Djúpivogur > Fáskrúðsfjörður (le village français) > Neskaupstaður > Gufufoss
- Jour 8 : Seyðisfjörður > Egilsstadir > Litlanesfoss > Hengifoss > Hallormsstaður
Jour 6 : Le Glacier de Hoffellsjokull > Höfn > Djúpivogur
En partant de la plage de diamant, le long de la route 1, se profile à l’ouest la langue glaciaire de Hoffellsjökull. La route F984 pour y accéder est une piste gravillonnée traversée par de nombreux gués (assez faciles à passer). Elle serpente entre deux montagnes et elle est superbe, en plus d’être ludique !
Juste avant d’arriver au lac, nous passons devant la source d’eau chaude payante Hoffell Hot Tubs (500 ISK pp). Nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous baigner en Islande. C’est vrai qu’avec la pluie et la température extérieure incitant au mieux à enlever sa polaire, la motivation à se mettre en maillot de bain n’est pas transcendante…Nous faisons nos canards frileux, et passons la route encore cette fois. La prochaine fois sera la bonne, photos à l’appui, promis !
Le lac glaciaire de Hoffellsjökull est notre premier arrêt. Bon, par rapport à Fjallsárlón ou Jökulsárlón, on ne va pas mentir, il est moins sympa (comprenez par là un peu plus marécageux ! 🙂 ). Après, il ne faut pas faire la fine bouche non plus, le reflets des couleurs blanches et noires des glaciers sur l’eau reste très photogénique.
La route des Fjords, une bonne surprise !
Höfn est un village de passage. Il n’y a pas grand chose à y faire à part manger et boire. Il est 10h, se mettre tout de suite devant un poisson frit pourrait faire penser à un estomac sur patte. Donc, nous continuons la route.
Par contre, juste après Höfn, la route 1 traverse une sorte de lagon, et là, les paysages sont magnifiques ! On commence à ressentir l’atmosphère des fjords, la route commence à serpenter, Jon prend les virages un peu plus en épingle à cheveux, on y arrive !
En regardant la carte et en checkant les campings pour le soir, on se rends compte qu’ils ne sont pas nombreux dans la région. Ils proposent le strict minimum aussi et souvent pas de douche. Parfois, il n’y a même pas d’accueil pour payer.
Nous continuons à serpenter le long de la route 1, c’est décidément une belle journée. L’ambiance ressemble beaucoup aux Highlands de l’Ecosse, le soleil en plus et quelques degrés en moins. Bref, nous ne sommes pas déçus, bien au contraire
Un petit regret tout de même.
Au départ, nous voulions aller camper dans la Réserve Nationale de Lónsöræfi. Un camping est situé au cœur de la réserve, avec une vue imprenable sur les montagnes enneigées. Malheureusement, la route F980 permettant d’y accéder est fermée du fait d’un gué impraticable à notre passage. Bref, si vous passez dans le coin, allez y faire un tour, il parait que le coin est magnifique.
Nous arrivons à Djúpivogur et installons notre tente dans le camping, sous un superbe soleil.
Nous allons ensuite manger au port, la vue est magnifique.
Petit bain de minuit à 45 degrés pour terminer !
Puis nous allons nous baigner dans notre premier hot pot ! En effet, en arrivant à Djúpivogur un peu plus tôt, deux personnes en maillot de bain attirent notre attention sur le bord de la route. Il est vrai qu’avec une température extérieure de 10 degrés, on se serait plus attendus à voir autre chose, comme un gros mouton par exemple ! Bref, à droite, juste avant le village, existe une source d’eau chaude gratuite, non indiquée, à l’usage des locaux.
Il est alors environ minuit (auparavant il y avait du monde). Comme prévu, le début est épique. Ce n’est pas tant se déshabiller qui est difficile, mais plutôt de rentrer dans l’eau. Juste une impression de se faire marquer au fer rouge…C’est difficile pour Jon ! Mais une fois réussi, la récompense est là : tout seuls face à la baie, dans une eau chaude, nous y sommes restés au moins une heure !
Infos utiles :
- Le camping de Djúpivogur est vraiment sympa, il y a une cuisine chauffée (ce qui est hyper appréciable par ce temps), et douches pour 3400 ISK pp
- Dans ces petits villages de l’Est, c’est la station service qui tient lieu d’épicerie, de boulangerie, de restaurant et même de poste… Bref, les Islandais sont multitâches ! 😉 Ils donnent aussi des conseils sur les routes fermées ou non.
- Petits conseils pour la baignade, c’est la Doc’ qui parle… Déconseillée pour les femmes enceintes et les personnes ayant des antécédents cardiaques, la différence de température amène quand même un gros choc thermique. De même, avant d’y aller, buvez de l’eau et n’y restez pas non plus des heures. En sortant, si vous vous sentez vertigineux et HS, hydratez vous bien.
Jour 7 : Djúpivogur > Fáskrúðsfjörður (le village français) > Neskaupstaður > Gufufoss
Après le bain de minuit, vous imaginez bien que nous avons super bien dormi. C’est donc frais et dispos que nous entamons cette nouvelle journée dans les fjords. Malchance ! Nous nous sommes levés, mais nous ne pouvons pas en dire autant de la météo : il pleut aujourd’hui ! Du coup, les fjords sont beaucoup moins jolis à parcourir par ce temps…
Sur le chemin, nous dépannons un couple de chinois enlisés sur le bord de la route avec la sangle de remorquage que nous avions emmenés de France.
A la place de vous détailler tout notre itinéraire, on va plutôt partager avec vous nos bonnes surprises de la journée.
Fáskrúðsfjörður (le village français)
Ce village, il plaira aux chauvins ! Fáskrúðsfjörður est le nom du fjord qui a la particularité d’être un lien vivant entre la France et l’Islande, depuis que des pêcheurs français naviguaient dans ses eaux entre 1850 et 1914. On se demande bien pourquoi des marins français parcouraient ces eaux glaciales, peut-être des bretons ? 😀 Bref, ce village est le lieu de nombreux naufrages français, et pour honorer leur mémoire, un cimetière français ainsi qu’une traduction de toute les rues en français existent dans Fáskrúðsfjörður.
Neskaupstaður
Rejoindre Neskaupstaður est assez drôle. Il faut savoir que ce minuscule village n’est accessible que par les cols. C’est le point le plus à l’est de l’Islande, il est très isolé et la ville en elle-même ne vaut pas forcément le détour.
Par contre, la route pour s’y rendre permet d’avoir quelques sensations, surtout le passage du tunnel des montagnes Oddskard. Un joyeux trou noir de plus de 600 mètres… en « single lane« ! 🙂 La roche est coupante et très proche, on ne voit rien, et si une voiture arrive en face, vous disposez que d’un seul échappatoire (et un seul !) au milieu du tunnel. Bref, ambiance et frissons garantis !
Seyðisfjörður
Dernier petit village de la journée et pas des moindres ! Seyðisfjörður est réputé pour ses maisons très colorées, et sur notre carte, il propose aussi un camping ! Ni une ni deux, nous entamons notre dernier col de la journée par la route 93. Nous passons par Gufufoss, petite cascade sympathique au détour de la route, qui est assez isolée mais mignonne comme tout.
Infos utiles :
- Heureusement que Seyðisfjörður propose un camping au final : ce village est le point de départ et d’arrivée du ferry venant des îles Féroé (et du Danemark). Nous ne le savions pas mais nous le découvrons lorsque nous arrivons au camping… bondé ! Bref, Seyðisfjörður est touristique. Si vous voulez d’avantage de calme, ne venez pas les jours de départ et d’arrivée du ferry, c’est à dire le mardi et le samedi. Les jours peuvent changer, donc je vous laisse le lien du site du ferry, c’est plus simple.
- Le prix du camping est raisonnable, 3000 ISK pp
Jour 8 : Seyðisfjörður > Egilsstadir > Litlanesfoss > Hengifoss > Hallormsstaður
Se réveiller un peu tard la veille d’un départ de ferry, c’est super quand on a pas prévu de le prendre. 🙂 Ce matin là, on ne met pas le réveil et le camping est déjà beaucoup moins bondé à la sortie de la tente. Cela nous permet d’avoir Seyðisfjörður quasiment pour nous tous seuls 🙂
Nous prenons la direction du dernier fjord que nous visiterons dans la région : Borgarfjörður. La route pour y arriver, la piste 94 est longue mais la récompense est là ! Après le petit village de pêcheurs de Bakkagerði se profilent les falaises de Hafnartangi. Et là, pour notre grand bonheur, vivent des centaines de colonies de macareux moines !
Les fjords de l’Est sont quasiment finis et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous avons pris beaucoup de plaisir à les parcourir. Après le Sud, c’était une autre facette de l’Islande qu’on découvrait. Maintenant, place à la suivante : le Nord. Pour cela, nous regagnons les terres en direction d’Egilsstadir, la capitale de l’Est, avant de partir vers les hauts plateaux d’Askja.
Infos utiles :
Egilsstadir est la plaque tournante de la région. Nous vous conseillons de faire votre plein d’essence et de provisions toujours chez Bonus, car, ensuite, c’est le désert ! De même, avant de vous rendre à Askja, passez par l’Office de Tourisme. De là, les Rangers vous indiqueront la meilleure route à emprunter. Nous même hésitions à emprunter la F88 réputée difficile. On ne l’aurait pas prise si les Rangers ne nous en avaient pas parlé, et nous aurions regretté.
Randonnée aux cascades Litlanesfoss et Hengifoss
Après quelques jours passés assis dans la voiture, nos jambes réclament leur dû. C’est donc tout naturellement que nous nous dirigeons au sud du lac Lagarfljot vers le départ de la randonnée des cascades Litlanesfoss et Hengifoss, le long de la route 931 à une trentaine de kms d’Egilsstadir.
Au fur et à mesure des jours passés en Islande, on ne se pose même plus la question de ce que l’on emporte en rando. S’il ne pleut pas, ça sera la polaire, s’il bruine un peu, la soft shell. Pour le départ de cette rando, ça sera hard shell en haut et en bas, c’est vous dire le temps ! 🙂
Le chemin pour y arriver est traversé par de petits ruisseaux et il est bien boueux. Prévenez d’emblée avant de partir la personne qui vous accompagne, que le 4×4 sera un peu sale au retour, et que le lien de cause à effet vous dépasse totalement. Cela vous évitera des désagréments d’ordre relationnel trois heures plus tard 🙂
Au départ, la première chute qui se dessine est Litlanesfoss, elle est moins haute que la seconde mais elle est mignonne aussi. Ces deux chutes, surtout Hengifoss, ont des parois de basalte rouge et noir, ce qui donne un effet magnifique à la cascade.
Hengifoss constitue, avec ses 120 m, une des plus hautes cascades de l’île ! Avec Dettifoss, c’est l’une des plus belles du pays. C’est aussi une vicieuse car elle est parfaitement visible de la route 931 et on pourrait croire qu’elle n’est qu’à quelques pas seulement. Eh bien non ! Mais on ne va pas jouer aux marseillais non plus : la randonnée est parfaitement faisable et fait environ 6 kms.
Après la randonnée, nous dormons au camping d’Hallormsstadur à Höfðavík. C’est l’un de nos meilleurs points de chute, non pas pour la qualité des douches car il n’y en a pas (au fur et à mesure du voyage, nous nous rendons compte que ce n’est plus notre critère de prédilection 🙂 ) mais surtout pour la vue qu’il offre sur le lac. On vous laisse juger de vous même ! Le prix est vraiment raisonnable : 1500 ISK par personne.
Et c’est sur cette magnifique vue sur le lac Lagarfljót que se termine notre escapade dans l’Est de l’Islande. Demain, nous partons par la route 910 en direction des montagnes d’Askja. Il fera plus froid, les paysages seront lunaires. Nous avons hâte de découvrir tout cela ! Sur ce, on se retrouve pour la suite dans le prochain article !